Emportés par la foule...

                                                     

Trois mois de manifestations, des blessés et des morts et ? 

58 000 manifestants dans toute le France, le révolution bat de l'aile, Macron est toujours là, plus actif que jamais. Ils voulaient le dialogue, ils l'ont mais n'y participent que très peu, ancrés farouchement à l'idée que d'un coup de baguette magique ils peuvent, dans un pays de 66 millions d'habitants, virer le président en lui coupant éventuellement la tête, et marcher gaiement vers des lendemains qui chantent.

Alors, ils restent en foule, un peu en famille, laissant de côté toute velléité de raisonnement en profondeur, ils préfèrent cet hypnotique vision suggestive d'un monde qui sera fait à leur convenance et à leur convenance seule. Des solutions ? pas l'ombre d'une, à part la simplissime remise en route de l'impôt sur la fortune qui en fait existe toujours sous une autre forme. Ils sont dans la mouvance des Le Pen et Mélanchon. Avez-vous entendu ces deux là proposer des solutions ? non, aucune, leur but est de prendre le pouvoir et après eux, le déluge.

Comme tout mouvement de foule (voir l'excellent ouvrage d'Eugène le Bon : "La psychologie des foules" datant de 1895 mais tellement actuel) ils ne veulent pas de solution ils veulent leurs solutions, aussi disparates soit-elles. Ils suivent aveuglément leurs chefs qui, inlassablement, leur présentent des images qu'ils ingèrent en laissant de côté toute idée de raisonnements cohérents qu'ils tiendraient s'ils n'étaient pas réunis dans une foule où l'inconscient prend le pas, ils deviennent intolérants à toute contradiction tout en réclamant à corps et à cris un dialogue constructif ! Dialogue que toutes les chaînes de radio et télévision leur ont offert, ce qui ne les empêchent pas de crier à la manipulation des médias et de menacer des journalistes ou de les tabasser. C'est ça les gilets jaunes, de petits fachos en mal de dictature ? Non merci, sans façon, nos pères et grand-pères se sont battus pour que nous soyons libres, ça n'est pas pour laisser la démocratie à ces imbéciles (oui, je sais, appeler "un chat, un chat" n'est pas trop de mise dans notre frileuse société, mais à 64 ans je ne suis plus frileux !)

De fait ces gens là sont très conservateurs, ils ne veulent pas de grands bouleversements de la planète, de la condition humaine. Le climat (pourtant à l'origine du mouvement via les taxes sur les carburants), ils s'en foutent, n'en parle pas, leurs gosses ou petits enfants crèveront de pollution, pas leur problème.       On n'en est plus à Peace and Love and Freedom, nous sommes plus proches des mouvements populaires populistes qu'on connut l'Italie et l'Allemagne dans les années 30 et 40. Il leur faut un tyran devant lequel se prosterner, celui qui, adroitement, saura leur faire croire qu'il est leur obligé pour mieux les manoeuvrer.

Extraits éclairant de la "psychologie des foules" :

"Exagérée dans ses sentiments, la foule n'est impressionnée que par des sentiments excessifs. L'orateur qui veut la séduire doit abuser des affirmations violentes. Exagérer, affirmer, répéter, et ne jamais tenter de rien démontrer par un raisonnement, sont des procédés d'argumentation bien connus des orateurs des réunions populaires."

"l'individu en foule acquiert, par le seul fait du nombre, un sentiment de puissance invincible qui lui permet de céder à des instincts que, seul, il eût forcément réfrénés. Il sera d'autant moins porté à les réfréner que, la foule étant anonyme, et par conséquent irresponsable, le sentiment de la responsabilité, qui retient toujours les individus, disparaît entièrement"

Eric Drouet la bien compris, lui qui à, fugitivement car n'ayant pas le courage d'assumer ses propos  revenant sur cette déclaration, appelé au soulèvement. Ni plus , ni moins !                                                    Il y a chez lui un manque d'analyse du mouvement dont il pense être l'un des principaux meneurs; comment en effet, décider l'ouvrier, l'étudiant (peu nombreux) le petit patron ou le petit bourgeois en mal d'émotions fortes, qu'il va devoir passer d'une simple manif où il peut tout à loisir se défouler sur les vitrines de gens qu'il ne connaît pas ou lancer des pavés aux CRS exprimant ainsi ses désirs les plus primitifs lui faisant oublier sa femme, son patron, ses gosses, les impôts et même sa maîtresse, à un acte révolutionnaire de prise de pouvoir !

Je l'ai déjà dis dans un autre blog, la révolution, pourquoi pas, mais en ayant un projet tel celui du mouvement Libertaire Espagnol de 1936 (voir : https://www.monde-diplomatique.fr/2000/12/GOLDBRONN/2604) . Cet article est éclairant, la révolution ça n'est pas forcément la chienlit, ça peut-être un mouvement MAJORITAIRE du peuple représenté et adhérent à un projet collectif de grande ampleur. Vous haïssez le pouvoir, les gouvernants, alors n'oubliez pas, l'anarchie, c'est l'ordre moins le pouvoir et si en Espagne, le mouvement libertaire Catalan échoua ça n'est qu'à la suite de la trahison des communistes qui voulaient...récupérer le pouvoir amenant ainsi Franco au pouvoir !

Alors la partie extrémiste de ce mouvement des gilets jaunes doit admettre l'impasse dans laquelle elle s'est elle-même engagée. Faute de véritable volonté de dialogue et d'une diffusion suggestive d'idées auprès des foules de manifestants en leur enlevant tout esprit critique quant à ces idées émises de façon totalement péremptoires et ne supportant pas la moindre discussion, l'issue sera fatalement un échec, quel dommage !

Ce mouvement, au départ sain, est vérolé de l'intérieur, chasse au pouvoir que pourtant l'on trouve insupportable sous la forme actuelle, petites guerres de chefs, la vie quoi !